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Qu’est ce que serait, aujourd’hui, au sens étymologique et esthétique, une pratique baroque – soit la norme déjouée, le caprice de l’imagination permis ?
A la sortie du 20ème siècle, au début du 21ème, la question se pose avec une acuité d’autant plus troublante qu’aux questions de reproductibilité que posait Benjamin, le champ conceptuel se tarit, le post-post-modernisme cherche une nouvelle voix, la question du beau et du savoir-faire est à nouveau autorisée. Historiquement est associé au baroque, l’art total – et pourrait-on dire opératique.
D’enclenchements et du jeu entre différents médiums, instar Orozco dont l’exposition au centre Georges Pompidou présente associés performance, dessins, sculptures et installations, se constitue le travail d’Anne-Olivia Belzidsky. Un univers se dessine et se peint, où les matériaux dit nobles (bronze, feuille d’or) sont réinterprétés, existent en eux-mêmes, réacquièrent leurs évidences. Cette matérialité répond aussi au constat de destruction du siècle dernier – tel l’objet du siècle que sacre Wajcman. Aujourd’hui, quand apparaît un réel désubstitué à lui-même, qui s’appauvrit quotidiennement, il est urgent, nécessaire, dans le champ de l’art de pouvoir le ré-imaginer, lui insuffler ce qu’il n’apporte plus lui-même : un émerveillement – et cela à l’aune d’une frontière, entre documentaire et fiction, disparaissant.
En prise directe à l’autofiction, dans sa pratique, tant de chanteuse, de poète, que de plasticienne, Anne-Olivia Belzidsky prend le parti de se traduire elle-même, où la place du spectateur entretient un rapport au regard que l’on porte sur une icône et que celle-ci porte sur nous, déjouant les interprétations autres que celles du sensible : à une réalité violente, la résistance à apporter, indispensable, semble ne plus revêtir nécessairement celle d’une lutte armée, typique du siècle dernier, mais, nouvelle, celle d’un don, dans sa multitude sémiotique.

Anne Kawala